DÉPENSES, AVOIRS ET DETTES

Par Suzy Wong

Crouler sous les dettes, c’est ma phobie numéro un. Oh oui ! Les dettes, moi, j’en ai une peur bleue. Je crois avoir hérité ça de mon père qui était un pro dans la planification budgétaire familiale. Il n’était que cuisinier dans un des seuls restos chinois à Ste-Foy, mais malgré son salaire bien ordinaire, il a su payer la maison en moins de dix ans, a très bien sustenter nos estomacs et, surtout, il a su faire en sorte que nous ayons toujours un toit sur notre tête. L’argent, chez nous, avec mon père, c’était clair qu’on savait que ça ne poussait pas dans les arbres et qu’on ne devait pas vivre au-dessus de nos moyens. D’ailleurs, il se faisait une fierté de nous dire que nous étions plus riches que bon nombre de nos amis qui, eux, pourtant, possédaient des chars de l’année et des motorisés alors que nous on n’avait que nos jambes ou le transport en commun pour nous voyager. Plus nantis, nous, simplement parce qu’on avait zéro dettes.

Il m’aura fallu la trentaine pour comprendre ce que mon père essayait de nous inculquer, parce que toute jeune, je dois l’avouer, je n’avais vraiment pas l’impression que notre situation était si enviable que ça. En fait, je trouvais qu’on ne sortait pas du tout du lot avec notre bungalow rouille, nos meubles pas neufs, notre cour pas de véhicule, nos vêtements neufs mais pas à la toute dernière mode et nos sorties familiales pas moins excitantes que celles de mes amies.

Très jeune, je l’en remercie maintenant même s’il est mort, le pater m’aura appris à établir un budget précis pour mes désirs et, notamment, à ne pas dépenser sans compter; à faire des épargnes. À 6 ans, je me rappelle très bien qu’il m’avait donné un beau 2$ en papier (en 1981, ça existait!) et qu’il m’avait dit avant que je n’aille au petit dépanneur du coin pour me bourrer de jujubes et de chips (pas plus de 75$ à l’époque pour tout ça) qu’il devrait me rester entre 75$ et 1$ après mes achats, qu’on irait porter le reste dans mon compte d’épargnes La Banque Nationale. (j’ai encore ce compte aujourd’hui)

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