Par Suzy Wong
Il ne faudrait pas céder à la peur face aux agressions contre nos valeurs démocratiques, aux jours d'aujourd'hui, je le sais bien. Mais franchement, avouons que c'est plus facile à dire qu'à faire ! Jadis, je courais les gros rassemblements avec fiston et le chéri. Mais par les temps qui courent et, cela, même si je suis tout à fait consciente que l’Occident est encore et toujours relativement épargné par les terroristes, les attaques récentes faites à Londres, en France et ailleurs, ça m'a enlevé l'envie d'aller dans les gros bains de foule avec mon chum et mon fils. Moi, je n'ai pas peur de me faire tuer. Ni peur de me retrouver infirme. En fait, j'ai surtout peur de survivre à mes deux hommes si on se retrouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Juste penser vivre le reste de ma vie sans eux, ça me tue. Alors si ça devait arriver...
Je sais, avoir peur comme j'ai peur maintenant, c'est donner victoire au Daech, aux groupes djihadistes. C'est dire à L’État islamique dont son objectif est de semer la peur, souvent à des fins religieuses ou idéologiques, qu'il gagne du terrain et, en plus, je sais fort bien que les chances que ça nous arrive ici ne sont pas tellement grandes. Mais que voulez-vous ? On a semé en moi un doute que ça pouvait nous arriver à nous aussi et ça me paralyse. S'il fallait que j'y perde mon fils ou/et mon conjoint, je sais que je ne m'en remettrais pas. J'ai déjà vécu trop souvent la perte d'êtres chers à cause de la maladie ou des accidents de la route, je ne saurais composer avec davantage de morts.
Maintenant, faut-il avoir peur des attentats ? Non, pas vraiment. l'Occident, quand on y pense, n'est pas tant dévasté par les attentats. Néanmoins, avec Paris et Londres, ce printemps, à quelques reprises dans le métro, j'ai dû respirer à fond et chasser mes idées noires quand j'ai eu l'impression d'être à côté d'hommes louches. Faut-il regarder les infos ? Oui, mais rester scotchée devant les infos, surtout le soir, c'est fini pour moi. Faut-il continuer à sortir ? Oui. Mais moi, cet été, même si c'est le 375ème de Montréal, je vais me terrer dans des trous perdus où les terroristes ne connaissent même pas leur existence. Vraiment, je salue le courage d'Ariana Grande que je ne connaissais pas du tout avant cet attentat à Londres d'avoir eu le culot de s'en retourner chanter à Manchester. J'ai aussi une sincère admiration pour toutes ces gens qui y sont allés pour célébrer notre démocratie.
Pour l'instant, ma peur n'est pas encore tout à fait une phobie au point que je ne veuille pas prendre les transports ou aller dans des lieux publics avec le fils et le chéri. Mais je suis tout à fait consciente que de refuser catégoriquement de nous ramasser dans des grands événements rassembleurs est un début de limitation qui pourrait me faire penser qu'une consultation avec un bon psy puisse devenir nécessaire.
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